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Comment soigner le syndrome de l’imposteur chez l’écrivain

Comme bon nombre d’auteurs et d’autrices, d’artistes en général, même, je souffre du syndrome de l’imposteur. Si, si, c’est cette petite voix qui dit « mais qu’est-ce qui peut te laisser croire que tu sais écrire ? Toi ? Laisse-moi rire ! ». Il paraît que ça soigne… Et si on voyait ensemble comment.

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Qu’est-ce que le syndrome de l’imposteur ?

Ah, le syndrome de l’imposteur… C’est une expression que tous les gens qui doutent un peu d’eux-mêmes ont appris à connaître ces dernières années. Une expression qui cherche à les rassurer « mais non, tu n’es pas nul, c’est juste ton syndrome de l’imposteur qui prend le dessus, ne te laisse pas avoir ». Parfois, ça suffit.

Il faut dire que c’est relativement nouveau comme concept. Il date de la fin des années 70 et il vient tout droit des États-Unis. Il concernerait souvent des personnes très douées (voire surdouées) qui se persuaderaient elles-mêmes que leurs travaux ne méritent pas vraiment l’attention des autres. Il serait aussi lié à une peur de réussir : ce serait plus facile de se dire qu’on est nul, et donc de ne pas prendre le risque de se mettre en danger (et de se voir confirmé ce que l’on craint au fond de soi).

D’un point de vue pratique, quelqu’un qui souffre du syndrome de l’imposteur ne se sent pas légitime dans ce qu’il fait, et a toujours l’impression qu’il va être démasqué et qu’on va lui dire d’arrêter de faire semblant d’être ce qu’il n’est pas. Il existe même un test qui permet de déterminer à quel point on est atteint !

Je connais très bien ce principe : après avoir obtenu mon permis (assez tard), il m’a fallu plusieurs années avant de ne plus craindre que quelqu’un ne vienne me l’enlever en me disant que c’était une erreur. C’est ridicule, oui, je sais. Mais vous avez déjà essayé d’être plus fort que votre esprit ?

Voir le verre à moitié plein ou à moitié vide... Mais y-a-t-il un verre ?

Pourquoi est-il aussi présent chez les artistes ?

Je suppose qu’il existe des métiers où il devient impossible de douter soi-même de ses compétences. Ou, en tout cas, où cela devient plus difficile (quoiqu’une personne souffrant du syndrome de l’imposteur aura toujours l’impression que c’est uniquement grâce à la chance qu’elle réussit, et que cela ne peut pas durer… même quand cela dure).

Cependant, c’est un point que l’on retrouve souvent chez les artistes. Après tout, comment savoir ce que l’on vaut quand les seuls critères de jugement sont forcément subjectifs ? Que l’on soit acteur, peintre, chanteur ou auteur, nous pouvons recevoir aussi bien des compliments que des critiques. Il est quand même relativement rare que seule l’une des deux facettes se présente.

Or, combien d’artistes s’avouent plus impactés par une seule critique négative que par vingt éloges ?

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Comment juger de son talent quand on écrit ?

J’avais déjà parlé de ce qui permet de dire que l’on a du succès quand on écrit. Et le débat était déjà bien large. Mais il le devient encore plus dès que l’on aborde cette question : qu’est-ce qui permet de se positionner, réellement, en tant qu’auteur ou autrice ?

Pour certains (et notamment bon nombre de prix littéraires), c’est le fait d’avoir été édité par une maison d’édition.

Mmouais. J’avoue que quand je vois certains romans parus ces dernières années, je ne suis plus tout à fait certaine que cela soit obligatoirement un gage de qualité.

D’avoir du succès alors ? Vous pouvez reprendre la phrase précédente et l’adapter, le raisonnement reste le même.

Cadeau du jour _ vous pouvez continuer à écrire

Personne ne peut dire ce qui fait qu’un titre ou un auteur mérite réellement le détour. Parce que même les livres dont, personnellement, je ne voudrais même pas pour m’aider à redresser un meuble ont plu à des gens et qu’ils ont donc rencontré leurs aspirations, leurs envies, leurs besoins. Et ce n’est pas parce que je ne le partage pas que je peux me permettre de le dénier. À l’inverse, je connais des romans merveilleusement bien écrits qui ne rencontrent pas le succès qu’ils méritent, chez les auteurs indépendants comme chez ceux en maison d’édition.

Et si c’était une piste pour soigner un peu le syndrome de l’imposteur : il n’y a pas de bons ou de mauvais livres, juste ceux qui ont la chance (ou pas) de rencontrer leur public.

Oui, mais alors, comment se positionner ? Comment, en tant qu’auteur ou autrice, savoir s’il faut persévérer dans cette voie.

Pourquoi les commentaires et les chroniques ont autant d’importance

Nous vivons dans une époque où le livre reste un peu le parent pauvre de la culture. De la culture médiatique s’entend : les écrivains sont quand même assez rares sur les plateaux de télé (bon, cela dit, les danseurs, les peintres, les scénographes et plein d’autres corps de métier absolument géniaux aussi… pourquoi est-ce que je n’arrive jamais à être totalement de parti pris, vous pouvez me le dire ? Revenons à nos moutons).

Pour savoir si son roman plaît, un auteur ou une autrice se tourne donc, et c’est normal, vers son public. Alors oui, une critique négative fait mal. Si on ne récolte que des commentaires de cet acabit, il est légitime de se poser des questions. À l’inverse, s’ils sont tous enthousiastes, on peut aussi commencer doucement à se réjouir. On l’a dit pourtant, il est assez rare que cette situation se présente et même elle peut être faussée (si tous les commentaires viennent d’amis dans le deuxième cas, ou que le livre en question n’est pas lu par le public auquel il est destiné dans le premier).

Alors, ce qui permettra vraiment de faire un bilan, c’est quoi ? Le nombre. C’est comme toutes les statistiques : plus la quantité de personnes interrogées est importante, plus le résultat a du sens.

Est-ce difficile d’obtenir des commentaires et des chroniques ?

A première vue, l’équation paraît simple : plus vous êtes lus, plus vous aurez de commentaires et de chroniques. Pour le vérifier, j’ai voulu juste regarder sur Amazon ce qu’il en était. Le premier tome d’Harry Potter récolte 436 commentaires, le dernier livre d’Amélie Nothomb en a 66 (avant Noël, donc), etMon voisin invisiblede Shealynn Royan en a 103 (et est même mieux noté qu’Amélie Nothomb).

Vous avez remarqué que j’ai précisé : avant noël. Car oui, l’ancienneté d’un titre joue aussi dans le nombre de commentaires qu’il récolte. Les Larmes des Aëlwynns: Le prince déchude Myriam Caillonneau, qui est sorti en novembre dernier, n’en a encore que deux et le premier tome des Soeurs Carminede Ariel Holzl, qui a pourtant récolté de nombreux prix, qui a déjà été réimprimé plusieurs fois, n’a quant à lui que 19 critiques sur le site marchand à ce jour !

Moi qui me trouvais légère en ne parvenant pas à atteindre les vingt commentaires pour mes romans, je ne suis finalement pas la seule.

Bien sûr, les chroniques des blogueurs, booktubeurs et autres sont plus nombreuses. Ainsi, sur Livraddict, on peut noter que ce même livre de Ariel Holzl a au moins 72 chroniques recensées. Tout de suite, ce n’est pas pareil.

Je parle de chiffres, ce qui est toujours un peu étonnant pour parler d’art, mais parce que cela permet aussi de mesurer un minimum sa valeur. Et encore : dans les livres que je ne cesse de défendre en toutes occasions, il y a la saga Il nous reste le ciel de Chloé Bertrand. Elle est merveilleusement écrite, je vous conseille vraiment de la lire. Et pourtant, elle n’a aucune chronique listée sur Livraddict et à peine 11 sur Amazon. Pourtant, pour moi, cette autrice a toutes les raisons de porter ce titre, peu importe si son livre a du succès ou non.

Et si tout ça n'était qu'une loterie ?

Donc, malheureusement, quelque chose se vérifie aussi au niveau des chroniques : leur nombre reste trop souvent proportionnel à la visibilité qu’un auteur parvient à obtenir. Et, parfois, plus qu’à son talent, donc.

Difficile dans ces conditions d’établir sa légitimité à continuer à écrire, non ? Si tout est une question de hasard, de chance, de visibilité… Si les auteurs et autrices baissent les bras juste parce qu’ils se disent que, vu leur peu de succès, ils feraient mieux d’arrêter (Chloé, je te jure, si tu arrêtes d’écrire, je te séquestre à la Misery!)

Comment aider les auteurs et autrices à lutter contre le syndrome de l’imposteur ?

Vous n’êtes pas en train de présenter une émission télé à une heure de grande écoute. Vous n’avez peut-être même pas d’amis qui vous écoutent. Mais vous avez pourtant le pouvoir de dire à un artiste : Stop ou Encore (oui, comme à la radio, c’est dingue!)

Alors, faites-le. Vraiment. En suivant votre coeur, pas la foule (même si vous avez aussi le droit de l’écouter, c’est elle qui m’a également fait découvrir certains titres, je ne le renie pas). Mais surtout, dites ce que vous en pensez. Bon, c’est vrai, ça nous fait mal d’entendre dire que ce que l’on a écrit est nul (ça fait saigner à l’intérieur, c’est hyper douloureux, on peut en mourir… mais faites-le), nous ne saurons jamais sinon que nous ferions mieux d’abandonner (ou comment nous pourrions nous améliorer, c’est bien aussi, ça). Et, par contre, quand vous aimez… Mais dites-le ! Vous ne pouvez pas savoir à quel point cela illumine notre journée. Pour plusieurs jours même. Et à quel point cela nous dit que si, peut-être, en vrai, on est vraiment capable d’écrire !

Et d’ailleurs, si vous avez, oh, trente secondes de plus devant vous, n’hésitez pas à aller me laisser un petit commentaire sur mes livres ! (ben oui, moi aussi j’ai besoin de savoir si vous voulez que je continue à écrire ou bien si vous préférez que j’aille tout de suite m’immoler avec mon stock de romans)

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